Basilique Saint-Benoît
Abbaye de Maredsous



Guide de l’église abbatiale

Béni soit au nom du Seigneur celui qui vient !
De la maison du Seigneur, nous vous bénissons !

(Psaume 117, 26)

Tous les hôtes qui arrivent seront reçus comme le Christ …
(Règle de saint Benoît 53, 1)


Bienvenue !

La communauté des moines bénédictins de Maredsous est heureuse de vous recevoir dans cette Basilique Saint-Benoît, un lieu de prière et de pèlerinage depuis 1888.

Présentation

L’église abbatiale de Maredsous, construite à partir de 1877 jusqu’en 1887, est de style gothique primaire. Tout comme les autres bâtiments de l’abbaye, elle constitue l’un des témoins les plus importants de ce style en Belgique. Son architecte, le baron Jean-Baptiste Béthune († 1894), pionnier du renouveau gothique dans nos régions, l’a conçue selon le modèle des églises monastiques du XIIIe siècle, dans le style des abbatiales d’Aulne et de Villers-la-Ville. Par un bref du 12 octobre 1926, le pape Pie XI l’érige en Basilique. Elle est ensuite aménagée et profondément transformée en 1956-1957 par l’architecte Roger Bastin, de Namur, pour répondre plus adéquatement aux exigences de la liturgie promue au Concile Vatican II (1962-1965).
Rigoureusement orientée, l’église est constituée d’une longue nef centrale de 75 m qui s’achève par un chevet plat. Elle est flanquée de bas-côtés coupés par un transept large de 28 m. Le long des bas-côtés sont disposées des chapelles latérales. Comme il s’agit d’une église monastique, on ne s’étonnera pas de l’importance du chœur où sont disposées les stalles des moines, et où, plusieurs fois par jour, nous chantons l’Office.

1. Le parvis de l’église

La façade de l’église est encadrée de deux tours, hautes de 54 m et qui abritent six cloches : Saint-Pierre (note : Ré, poids : 300 kg) ; Saint-Placide (Si, 510 kg) ; Saint-Michel (La, 1045 kg) ; Saint-Benoît (Fa dièse, 1750 kg) ; Sainte-Marie (Mi, 2506 kg) et enfin le bourdon Élisabeth (Sol, 8 tonnes), ainsi nommé en l’honneur de la Reine Élisabeth qui l’inaugura en 1923.
Entre ces deux tours s’ouvre le portail, par lequel nous entrons. Au centre du tympan de celui-ci, saint Benoît († 547), patron de l’église, debout sous un dais, tient d’une main la croix, et de l’autre le livre de la Règle que suivent les moines bénédictins. À ses côtés, saint Jean-Baptiste et saint Martin de Tours, en l’honneur desquels saint Benoît éleva deux oratoires sur le Mont-Cassin. Aux extrémités, des anges portent les écussons, à gauche, de la famille de Hemptinne, et à droite, de l’abbaye. Cet ensemble est l’œuvre du sculpteur Rooms, de Gand.

2. La porte intérieure

À l’intérieur, au revers du tambour en chêne sculpté réalisé par les Ateliers d’Art de Maredsous en 1911, nous remarquons contre le trumeau une belle statue de saint Jean-Baptiste, en bois, œuvre du sculpteur Alex Daoust. Trait d’union entre l’Ancien et le Nouveau Testament, le Précurseur, dès nos premiers pas, nous montre l’Agneau de Dieu triomphant.

Le vitrail de la façade

Il nous présente les principaux fondateurs d’Ordres religieux. De haut en bas et de gauche à droite : saint Augustin d’Hippone († 430) au cœur enflammé, saint François d’Assise († 1226) que stigmatise un séraphin, saint François de Paule († 1507), saint Vincent de Paul († 1660), le prophète Élie dont se réclame le Carmel, saint Basile de Césarée († 379), saint Bruno († 1101), saint Jean de Matha († 1213) prenant les chaînes d’un prisonnier qu’il délivre, saint Norbert, fondateur de Prémontré († 1134), avec un ostensoir, terrassant le dragon — c’est-à-dire l’hérésiarque Tanchelin —, saint Dominique († 1221) avec le chien portant une torche enflammée, symbole de son brûlant apostolat, saint Ignace de Loyola († 1556) et enfin saint Alphonse de Liguori († 1787).
Joseph Casier est l’auteur de ce vitrail, offert par la famille del Marmol, dont les armoiries figurent au bas de la lancette centrale.

3. La nef et le chœur

Notre regard se porte alors tout naturellement vers ce qui est le centre de l’édifice : l’autel majeur. Ce bloc massif de 2500 kg, de granit bleu, extrait des carrières de Lustin, a été sculpté par Jean Williame, ancien élève de l’École d’Art de Maredsous, d’après une esquisse conçue par Bastin. Cet autel, mis en place lors des transformations de 1956-1957, a été consacré par le Père Abbé Godefroid Dayez, le 19 août 1958. Au-dessus de l’autel, un Christ en croix, resculpté par Williame dans le corps du crucifix néo-gothique qui dominait jadis l’entrée du chœur.

4. Le pèlerinage à saint Benoît

Tournant à droite, sous la tour Sud, nous découvrons la chapelle du pèlerinage, aménagée en 1957 par Bastin. La statue de saint Benoît, une œuvre anonyme du XVIIIe siècle, provient de l’ancienne abbaye de Saint-Bernard-sur-l’Escaut. Dans une lumière tamisée par des vitraux abstraits dessinés par Louis-Marie Londot, cette chapelle est un lieu de dévotion, discret et accueillant.
En s’adressant au portier de l’abbaye, il est possible d’entrer en contact avec un moine et de s’entretenir avec lui de questions spirituelles. Il peut être bienfaisant d’en parler à quelqu’un dont on sait à l’avance qu’il vous écoutera avec sympathie et fraternité. L’accueil des pèlerins se fait de 9 heures à 11 heures 30 — sauf le dimanche — et de 14 heures 30 à 17 heures.

5. La statue de saint Pierre

Un peu plus avant, dans le bas-côté droit, une porte donne sur le cloître (son passage est réservé aux hôtes et aux visiteurs accompagnés), et près d’elle nous voyons une statue de saint Pierre, réplique de celle que l’on vénère dans la Basilique du Vatican. Trônant sur un piédestal de granit du Labrador, elle est entièrement en bronze et grandeur nature. En 1892, dom Hildebrand de Hemptinne, ancien zouave pontifical et depuis peu abbé de Maredsous, la fit placer dans cette église, en témoignage d’attachement au Siège Apostolique.

6. La chapelle de sainte Scholastique

La première chapelle à droite est dédiée à la sœur de saint Benoît. L’autel, exécuté par Declercq, de Merelbeke, a été offert en 1905 par Léon Nève, de Gand, à l’occasion de l’ordination sacerdotale de son fils, dom Théodore Nève, moine de Maredsous, qui, quelques années plus tard, deviendra abbé de Saint-André-lez-Bruges.
Le vitrail, don de Mademoiselle Dallemagne, de Paris, représente au milieu, sous un ange jouant de la viole, sainte Scholastique et la colombe, image de son âme pure s’envolant vers le ciel lorsqu’elle mourut et telle que l’aperçut saint Benoît ; à gauche, sainte Cécile, martyre romaine, avec un petit orgue portatif, et patronne des musiciens ; à droite, sainte Catherine d’Alexandrie (IVe siècle) avec l’instrument de son martyre : la roue sur laquelle elle fut suppliciée. Au bas de la lancette centrale, les armoiries de dom Placide Wolter, premier abbé de Maredsous (1878-1890). Les cartons en ont été dessinés en 1884 par Béthune.

7. La chapelle de saint Gérard

La chapelle suivante est dédiée à saint Gérard de Brogne. Ce saint fonda, en 919, un monastère sur sa terre de Brogne (actuellement Saint-Gérard) et restaura de nombreuses abbayes bénédictines en Hainaut, en Flandre et en France.
L’autel, dessiné et exécuté par Charles Tempermans, de Bruxelles, fut offert, en 1907, par Mgr Gérard van Caloen, moine de Maredsous, évêque titulaire de Phocée et restaurateur de plusieurs abbayes bénédictines au Brésil. Sa base est constituée de pierres provenant de l’ancienne église abbatiale de Saint-Gérard ; ainsi le passé monastique de la région s’unissait-il à l’avenir que symbolise Maredsous.
Au centre du vitrail, sous un ange harpiste, saint Gérard porte sur le bras le monastère de Brogne qu’il fonda ; à gauche, saint Charles Borromée († 1584), son ciboire ouvert rappelant qu’il communiait souvent les pestiférés de Milan; à droite, sainte Savina († 311). Ces saints personnages sont les patrons des donateurs de la chapelle, le baron Charles van Caloen et son épouse Savina de Gourcy-Serainchamps. Leurs armoiries figurent au bas de la lancette centrale. Les cartons ont été dessinés en 1890 par Béthune, et le vitrail exécuté par Arthur Verhaegen, de Gand.

8. La chapelle de la Sainte Vierge

Arrivés au transept, en descendant l’escalier de gauche, nous pouvons gagner la chapelle de la Sainte Vierge, située en dessous de la dalle en béton nervuré qui sert de plateau au maître-autel. L’autel a été dessiné par Bastin, et la statue de la Vierge est l’œuvre de Williame. C’est là, dans cet entre-sol, que se déposent les nombreuses intentions recommandées à la prière des moines.
En contre-bas, nous pouvons apercevoir, à travers la porte grillagée, la grande crypte où, en dehors de la période estivale, les moines célèbrent quotidiennement l’Office et l’Eucharistie. Cette crypte n’est accessible qu’aux heures de célébration ainsi que les dimanches de l’Avent et du Carême, pour y prier en silence ou recevoir le sacrement de la Réconciliation.

9. Le vitrail du transept Sud

En remontant dans le transept, notre regard se pose sur le vitrail qui retrace les mystères du Rosaire. Il a été dessiné par Béthune en 1890, et exécuté dans les ateliers d’Arthur Verhaegen, à Gand.
Le couronnement de la Vierge est au centre de la rosace ; dans les médaillons, des anges portent des banderoles à la gloire de Marie. La lancette de gauche reproduit les mystères joyeux : Annonciation, Visitation, Nativité, Présentation au Temple et miracle de Cana ; celle du centre, en-dessous du Couronnement, les autres mystères glorieux : Résurrection, Ascension, Pentecôte et Assomption ; celle de droite, les mystères douloureux : Agonie à Gethsémani, Flagellation, Couronnement d’épines, Portement de croix et Crucifixion.
L’inscription du bas du vitrail rappelle que celui-ci est un don de Mesdemoiselles Semet.

10. La chapelle de saint Joseph

Après quelques marches, nous apercevons à droite la chapelle de saint Joseph (celle-ci, comme la suivante, n’est pas accessible). La statue du saint est nantie d’une tige de fleur de lis et d’une petite corbeille contenant les deux tourterelles du rachat de l’Enfant Jésus lors de sa Présentation au Temple. Sur l’autel, dessiné en 1891 par Béthune et exécuté deux ans plus tard par Bressers-Blanchaert, de Gand, le retable, de pierre polychromée, représente au centre la Sainte Famille au travail à Nazareth : sous un groupe d’anges musiciens ou chanteurs, Marie file sa quenouille, l’Enfant Jésus soutient une gouge et saint Joseph, à son établi, taille le bois. De part et d’autre de l’atelier, les parents de la Vierge Marie accomplissent leurs devoirs spirituels : Joachim offre à Dieu un agneau couché sur un linge, et sainte Anne, selon la tradition juive, instruit la petite Marie en la faisant lire dans la Bible.
Le vitrail, dessiné par Béthune en 1886, superpose au centre saint Joseph et son équerre de charpentier, la Sainte Vierge debout mais se présentant comme une Sedes Sapientiæ — c’est-à-dire comme la Vierge en majesté — avec l’Enfant Jésus bénissant, et saint Jean-Baptiste ; à gauche, saint Paul avec le livre de ses Épîtres et l’épée de sa décapitation, sainte Agnès (IVe siècle), couronnée de roses, accompagnée d’un agneau, symbole de sa pureté ; à droite, saint Grégoire le Grand († 604), coiffé de la tiare, écoute la colombe de l’Esprit-Saint lui inspirant le livre qu’il serre contre lui, et saint Louis, roi de France († 1270), avec la couronne d’épines et les clous, qui évoquent la 7e croisade à laquelle il participa.
Comme le rappelle l’inscription sur une paroi de l’autel, la chapelle fut donnée par le comte Joseph de Hemptinne en souvenir de la bénédiction abbatiale de dom Hildebrand de Hemptinne, son fils, en 1890.

La chapelle de saint Jean-Baptiste

La dernière chapelle de droite (inaccessible comme la précédente) est dédiée à saint Jean-Baptiste. L’autel, dessiné par Béthune en 1883, a été exécuté par Bressers-Blanchaert. La Crucifixion au centre du retable est flanquée à gauche de saint Jean-Baptiste, et à droite de sainte Julie martyre avec son glaive et une croix. Dans le registre inférieur, de gauche à droite : saint Charles Borromée, sainte Thérèse d’Avila († 1582), porteuse du livre de ses œuvres mystiques; à travers des rayons dorés, passe le bras de l’ange avec la flèche de la transfixion qui la mit dans une très profonde extase ; sainte Philomène, popularisée par le Curé d’Ars, et saint Louis de Gonzague († 1591), avec le lis de sa pureté et le crâne, symbole de son ascétisme.
Cinq médaillons, peints sur cuivre par Jules Helbig en 1885, dans la manière des derniers peintres gothiques, alignent, de gauche à droite sur les murs : la Visitation, la naissance de Jean-Baptiste, la prédication de celui-ci au désert, le baptême du Christ et la mort du Précurseur, dont la tête est remise à Salomé, qui l’avait demandée à son beau-père, le roi Hérode.
Dans la lancette médiane du vitrail, la Vierge Marie et l’Enfant Jésus, assis sur son bras gauche, se parlent; saint Joseph avec sa tige de lis et son équerre, et saint Alphonse de Liguori avec un ostensoir. Sur celle de gauche, l’apôtre saint Paul et sainte Philomène; sur celle de droite, saint François de Sales († 1622) et son cœur rempli de l’amour de Dieu, et sainte Marguerite-Marie († 1690) dont le cœur ardent évoque celui du Christ, dont elle répandit le culte, connu sous le nom de Sacré-Cœur de Jésus. Les cartons de ces vitraux ont été dessinés par Béthune.
La chapelle fut offerte en mémoire de Jean de Brouwer par sa veuve et ses enfants en 1884.

L’autre vitrail, au fond du bas-côté de droite, est une composition moderne de Colpaert (1931). Il a été offert par la famille d’Alexandre Braun, de Bruxelles, à l’occasion des 25 ans de sacerdoce de dom Sébastien Braun. Il représente divers épisodes de la vie du Christ, de bas en haut et de droite à gauche : la Nativité, Jésus au Temple, la pêche miraculeuse, le lavement des pieds, la dernière Cène, le couronnement d’épines, le chemin de Croix, la Crucifixion, la mise au tombeau et l’apparition de Jésus à l’apôtre Thomas.

Redescendons à présent vers l’entrée de l’église et dirigeons-nous vers le bas-côté gauche pour aborder les chapelles latérales que nous allons remonter …

11. La chapelle de saint Hubert

Nous voyons d’abord la chapelle de saint Hubert. L’autel et son retable sont l’œuvre de De Beule, de Gand. Au centre, saint Hubert à genoux devant le cerf qui, au cours d’une chasse, s’arrêta devant lui, la croix entre ses bois, et le convertit ; à gauche, saint Liévin († 657), vénéré à Gand, est avec un ange et les tenailles dont ses bourreaux se servirent pour lui arracher la langue ; à droite, saint Macaire (IVe siècle) porte les clous de la Croix retrouvée à Jérusalem — selon la légende, en effet, il aurait assisté sainte Hélène dans la découverte de la Croix du Christ.
Dans la lancette centrale du vitrail, nous revoyons saint Hubert debout, un cerf minuscule dressé sur la main ; dans la lancette de gauche, saint Bavon († 653), patron de Gand, un faucon au poing gauche, s’appuie de sa main droite sur une épée. Saint Wandrille, fondateur de l’abbaye de Fontenelle en Normandie au VIIe siècle, figure dans la lancette de droite, parce qu’on venait alors de découvrir une relique insigne de ce saint conservée depuis le Xe siècle à l’abbaye de Saint-Gérard. Elle est depuis vénérée à Maredsous.
Cette chapelle, avec son autel et ses vitraux, fut donnée en 1889 par le baron Casier, de Gand.

12. La chapelle de saint Grégoire

La deuxième chapelle de gauche est celle de saint Grégoire le Grand († 604). L’autel, de marbre et de bronze doré, est de Rooms.
Dans les vitraux se dressent : au centre, la Vierge Marie avec l’Enfant Jésus qui tient un oiseau ; à gauche, saint Henri II, empereur d’Allemagne († 1024) porte d’une main un sceptre fleurdelisé et de l’autre la cathédrale de Bamberg fondée par lui ; à droite, saint Charles Borromée.
Dans cette chapelle est enseveli, depuis 1963, le corps du bienheureux dom Columba Marmion, troisième abbé de Maredsous (1909-1923) dont les écrits spirituels sont mondialement connus. Nous voyons son portrait au dessus de sa tombe. Sa vie est présentée à l'entrée de l'église, à la gauche du tambour. Une petite brochure est à votre disposition.

13. La chapelle des saints Maur et Placide

La chapelle suivante est celle de ces deux premiers disciples de saint Benoît († 547). L’autel a été exécuté par De Beule, d’après le dernier dessin tracé en 1892 par Béthune pour Maredsous. Le retable est consacré à saint Benoît et à ses compagnons. La statue du fondateur domine l’ensemble, avec le livre de sa Règle ; à ses pieds, le corbeau qui lui apportait son pain et qui, un jour, jeta celui qui avait été empoisonné par ses ennemis. Sur le second registre, à gauche, dans une niche, saint Maur moine, debout, portant livre et bâton. À côté, en marchant sur les eaux, saint Maur sauve saint Placide qui s’y noyait. À droite, comme le rapporte la légende, le martyre de saint Placide et de ses compagnons. Dans la niche de droite, saint Placide tient l’épée et la palme de son martyre.
Dans la lancette centrale du vitrail, le bienheureux Rodolphe, premier abbé de Vaucelles († 1157), s’appuie sur son bâton sommé d’une croix pattée ; dans celle de gauche, sainte Élisabeth de Thuringe († 1231) couronnée, montre en sa robe les roses en quoi furent transformés les pains qu’elle distribuait secrètement aux pauvres ; dans celle de droite, le prophète Élie reçoit sa nourriture d’un corbeau.
Ce vitrail fut donné par la comtesse Jeanne de Merode, dont les armoiries figurent au bas de la lancette centrale.
De la polychromie primitive, on a maintenu deux fresques relatives à la vie des saints Maur et Placide : à gauche, saint Benoît instruit ces disciples encore enfants ; à droite, saint Placide reçoit de saint Benoît l’ordre de puiser de l’eau dans le lac voisin du monastère. Le frère Jacques Malmendier (1846-1917) a exécuté ces compositions selon les dessins de l’École de Beuron qui, au XIXe siècle, a tenté de renouveler l’art religieux.
Une inscription sur la paroi de l’autel rappelle que cette chapelle fut offerte par la famille de Meester de Ravenstein, d’Anvers, à l’occasion de la profession monastique de dom Placide de Meester, le 8 décembre 1891.

14. La chapelle de Notre-Dame

La quatrième chapelle est dédiée à Notre-Dame des Sept Douleurs. L’autel a été dessiné par Béthune en 1883. Il est surmonté d’une Pietà polychrome, œuvre du sculpteur Mathias Zens, de Gand.
Le vitrail porte, au centre, l’image de saint François d’Assise († 1226) qui a reçu les stigmates, c’est-à-dire l’impression, dans sa chair, des plaies du Christ ; à gauche, saint Léon le Grand († 461), coiffé de la tiare, écrivant le livre de ses œuvres ; et à droite, saint Louis, roi de France († 1270). Les cartons de ces vitraux ont été dessinés par Béthune en 1883.
Deux fresques subsistent de l’ancienne polychromie : la Présentation au Temple et le Christ en Croix. Elles sont dues à André Weiss (1856-1936), de l’École beuronienne.
Le comte Léon de Limminghe, dont les armoiries figurent au bas du vitrail, fit cadeau de cette chapelle.

15. Le vitrail du transept Nord

À la hauteur du transept, nous découvrons le vitrail consacré à l’Eucharistie. Les cartons en ont été dessinés en 1892 par Béthune et l’exécution assurée par Arthur Verhaegen.
Au centre de la rosace, des anges encerclent un ostensoir. Sur le pourtour se succèdent des symboles, objets et épisodes bibliques, figures du Christ et de son sacrifice : l’agneau pascal, Isaac et Abraham, l’arche d’Alliance, l’offrande de Melchisédech, le prophète Malachie, le pélican, le roi David, les pains de proposition du Temple et Abel offrant son sacrifice.
Dans la lancette de gauche, des sujets tirés de l’Ancien Testament préfigurent aussi le mystère eucharistique : de bas en haut, l’arbre de vie au Paradis terrestre, le sacrifice de Melchisédech, l’eau jaillissant du rocher sous le bâton de Moïse, la manne qui nourrit les Israélites dans le désert et l’agneau pascal d’avant la sortie d’Égypte.
Dans la lancette centrale, des scènes de l’Évangile illustrent le même thème : les noces de Cana, la multiplication des pains et des poissons, la dernière Cène et le coup de lance dans le côté de Jésus crucifié.
La lancette de droite rappelle des faits tirés de l’histoire de l’Église et relatifs à l’Eucharistie : la messe miraculeuse de saint Grégoire le Grand, au cours de laquelle le Sauveur descendit lui-même sur l’autel, avec les stigmates, et entouré des instruments de la Passion ; l’abjuration de Bérenger qui, au XIIe siècle, niait la Présence réelle dans l’Eucharistie ; sainte Julienne du Mont-Cornillon qui est à l’origine de l’institution de la Fête-Dieu, ou du Saint Sacrement, célébrée pour la première fois en 1247 à Fosses, où elle mourut ; sainte Claire, suivie de ses compagnes, délivrant la ville d’Assise assiégée (XlIIe siècle) en élevant l’ostensoir au-dessus des murailles ; enfin, saint Charles Borromée, archevêque de Milan portant la communion aux pestiférés de sa ville.
L’inscription au bas du vitrail nous apprend que celui-ci fut offert par la comtesse Jeanne de Merode, dont les armoiries figurent dans la lancette centrale.

16. La chapelle de saint Martin

Après avoir gravi les marches, nous arrivons à la chapelle de saint Martin de Tours († 397). L’autel est l’œuvre de Rooms, qui l’a constitué de tuffeau blanc, ramené de Marmoutier, près de Tours, où saint Martin avait bâti un monastère (IVe siècle).
Sur le retable en bois sculpté, à gauche, Martin partage son manteau avec un pauvre ; à droite, le Christ lui apparaît, vêtu du même manteau, pour signifier que c’est lui, le Christ, que l’on rencontre dans la personne des pauvres. Au-dessus de l’autel, un buste-reliquaire, dû à Firlefyn, contient un fragment important d’une relique de saint Martin, conservé pendant des siècles dans l’église voisine d’Onhaye.
Une inscription, au centre du retable, rappelle que cette chapelle fut offerte par Édouard Jonckheere, de Bruges.
Les personnages du vitrail sont : au centre, saint Martin et saint Antoine d’Égypte († 356), debout à côté d’un feu, rappelant le mal des ardents ou feu de Saint-Antoine, qu’il soignait. Le cochon familier n’a rien de péjoratif : il fait allusion au lard qui servait à atténuer les effets du dit mal, douloureux comme des brûlures. La bête porte une clarine, qui n’est pas ici symbole des ermites, mais signe de la protection accordée par le roi de France aux troupeaux de porcs des Ermites de Saint-Antoine, de Paris, et qui pouvaient ainsi circuler partout dans la ville. À gauche, saint Charles Borromée et saint Anatole (IIIe siècle), portant le compas, symbole de sa science astronomique. À droite, saint Jules, pape († 352) montre un parchemin et tient un bâton sommé d’une croix papale à triple traverse, et le bienheureux Frédéric de Mariengardt († 1175).
En dessous de ce saint, les armoiries de la famille de Montpellier d’Annevoie, donatrice de ce vitrail (1891).

17. La chapelle des saints Apôtres

16. La chapelle suivante est celle des premiers disciples du Christ. L’autel, de marbre blanc abondamment veiné de gris et de jaune, offre aux regards une discrète décoration en mosaïques de marbre de diverses couleurs. Il a été dessiné par dom Sébastien Braun et exécuté par les Ateliers d’Art de Maredsous. Il fut placé en 1922 et consacré la même année, à l’occasion du 50e anniversaire de la fondation de l’abbaye.
Le vitrail présente, dans la lancette du milieu, saint Pierre, saint Paul et saint Robert de Molesme, fondateur de Cîteaux († 1111) ; dans celle de gauche, sainte Lucie (IVe siècle) et ses yeux sur un plateau, jeu de mots sur son nom : Lucie, la lumière, celle qui fait voir ; sainte Valentine († 308) et le saint évêque Frédéric d’Utrecht et le poignard avec lequel il fut assassiné au pied de l’autel († 838) ; dans celle de droite, sainte Adélaïde, impératrice d’Allemagne († 999), fondatrice d’une institution assurant la fabrication de pains; elle en donne ici un à une pauvre femme ; saint Eugène avec le glaive de son martyre (VIIe siècle) et sainte Élisabeth de Thuringe († 1231).
La chapelle a été donnée par Frédéric de Kerchove de Nayer.

18. La chapelle des saints Anges

Nous voici à la dernière chapelle du bas-côté gauche, dédiée aux saints Anges. L’autel, don de la famille Delogne, de Bertrix, est une table massive en pierre calcaire, dessinée par dom Sébastien Braun et exécutée par les Ateliers d’Art de Maredsous.
Sur le retable, composé de panneaux de bois sculpté, des anges vaquent pieusement aux différents offices que leur attribue la Liturgie. À gauche, dans le premier panneau, trois anges apportent processionnellement trois couronnes, et, à droite, trois autres s’avancent avec trois globes terrestres symboliques du pouvoir des trois Personnes de la Trinité. En dessous, respectivement, les anges apportent gerbes de froment et grappes de raisin eucharistiques. Dans le grand médaillon du milieu, un chœur et un orchestre d’anges célèbrent et adorent le Christ crucifié. Au-dessus, un ange plane vers l’autel enfumé de parfums, un vase nimbé dans les mains; deux anges encensent de chaque côté. En dessous du médaillon, au centre, un ange agenouillé communie des moines auréolés, comme emprisonnés dans un sous-sol ; à gauche, un ange dégaine une épée ; à droite, l’archange Michel maintient sous son pied le dragon démoniaque terrassé.
Au centre du vitrail, l’archange Michel, épée brandie, écrase le démon ; en dessous saint Alphonse de Liguori. À gauche, l’archange Gabriel à l’Annonciation et saint Henri II, empereur d’Allemagne. À droite, l’archange Raphaël tient de la main droite le poisson de Tobie, et de la gauche, le bâton et la gourde des voyageurs et des pèlerins : sainte Jeanne de Chantal († 1641) fondatrice, avec saint François de Sales, des religieuses de la Visitation.
Les armoiries de la comtesse de Villermont, née de Moreau, donatrice de ce vitrail, figurent au bas de la lancette centrale.

19. Le vitrail commémoratif

Au fond de l’église, du côté Nord, un vitrail honore la Vierge Marie entourée d’anges portant des emblèmes empruntés aux litanies de Lorette.
Cette verrière est un don de Mademoiselle de Moreau, d’Ermeton, avec, au bas de la lancette centrale, les armoiries de sa famille.
Sur le chevet Nord-Est, un second vitrail aux couleurs vives a été dessiné par le P. Thomas-Paul Duez et a remplacé en 1946 celui qui avait été détruit par la guerre. Il représente la Vierge de Miséricorde déployant son manteau protecteur sous lequel s’abritent des suppliants : d’abord, quatre moines, vêtus de rouge, morts à la guerre de 1940-45 (de gauche à droite : dom Jules Harmel, dom Daniel Duesberg, le fr. Nicolas Cappaert et le fr. Aubert Boutry) ; ensuite, en dessous, l’abbé et la communauté de Maredsous avec à gauche l’école abbatiale et à droite l’école des Métiers d’Art.

20. La chapelle du Saint Sacrement

À droite se trouve la chapelle du Saint Sacrement. Situé entre le chevet et le chœur des moines, cet endroit calme et recueilli invite à la prière silencieuse. L’autel a été dessiné par Bastin.

Le vitrail du chevet porte les images des douze apôtres, de saint Hubert et de saint Louis, roi de France, patrons des donateurs, la famille Casier-de Hemptinne. Dans la rose, les neuf chœurs des anges entourent la colombe symbolique du Saint-Esprit. Les cartons de ce vitrail ont été dessinés par Béthune en 1881.

À très bientôt …

Nous nous quittons ici, en espérant que cette visite vous a été agréable.

Une visite guidée de l’abbaye est organisée par notre Centre d’accueil Saint-Joseph chaque week-end de l’année à 14 heures et 16 heures (15 h 30 en période hivernale), ainsi que chaque jour férié ou de vacances scolaires.
Renseignement et inscription au bureau d’accueil touristique situé à l’entrée du Centre (200 m à gauche en sortant de l’église).